Entrevue avec Patrice Chaillan, directeur des publications

 

Fabrice: Quelle était votre fonction au sein de la société Exelvision?
Patrice Chaillan: J’étais « directeur des publications » et rédacteur en chef de la fameuse revue. En fait, je rédigeais la revue et je rédigeais les manuels d’utilisation : Basic, Logo, EXELDOS…

Fabrice: Comment est née la revue "Exelement Vôtre"?
Patrice Chaillan: La réponse prendrait plusieurs pages. Pour faire un peu d’humour, je vous demanderai : « souhaitez-vous connaître la vérité, toute la vérité ou rien que la vérité ? « . Pour être plus sérieux : « Exelement Votre » est né de la nécessité de votre serviteur à assurer l’existence de sa famille. À l’époque je tenais un magasin d’informatique familiale (une aberration pour le temps) et comme j’étais à proximité d’Exelvision, je me suis laissé « charmer» par le revendeur de ma région, Bernard Chantereau et je me suis retrouvé avec 128 EXL 100 et pas une tune pour assurer leur financement si je n’arrivai pas à les vendre. J’en ai vendu 80 et il m’en restait 48 sur les bras. C’est alors que j’ai dit à Bernard, je ne peux pas vous payer mais je peux écrire une revue pour l’EXL 100. Et c’est ainsi que j’ai commencé à écrire la première revue EXELEMENT VOTRE NUMERO 1. La premier numéro a plu à Jacques et à Georges et Victor… Contre toute attente, Jacques m’ demandé de quitter le magasin (et je leur devais quand même 200 mille balles à l’époque) pour travailler à Exelvision comme rédacteur technique. Et voilà. Je suis entré à Exelvision le jour de la naissance de mon premier enfant pour la petite histoire.

Fabrice: Combien de personnes travaillaient avec vous à la revue?
Patrice Chaillan: Techniquement, j’étais seul et c’est mon épouse qui réalisait les illustrations. Mais d’une manière informelle, tout le monde à EXELVISION travaillait à la revue. D’ailleurs, je sollicitais assez les développeurs pour qu’il n’oublient pas de me fournir les astuces aux lecteurs sur l’utilisation de ceci ou de cela. La revue était le lien entre un peu tout le monde.

Fabrice: Aviez-vous, dès le début, décidé d'une ligne rédactionnelle particulière?
Patrice Chaillan: Pas du tout mais alors pas du tout…. Improvisation totale. Je ne savais même pas ce que j’allais écrire du soir au lendemain.

Fabrice: Comment s'organisait la rédaction d'un magazine?
Patrice Chaillan: J’essayais dans un premier temps de parler des choses que je ne comprenais pour pouvoir les expliquer au public. Par exemple, dans un numéro spécial jeux d’aventure, je n’avais mais alors aucune idée comment on pouvait programmer un jeu d’aventures. À partir de là, j’ai passer des heures et des heures à programmer le jeu qui est dans la revue. Quand j’ai passé le programme à Duplouy (un des plus brillants des développeurs connu pour ses remarques bien senties), il m’a dit « super ton truc ! ». Je ne vous dis pas comme j’étais fier.

Fabrice: Quelles étaient les attentes des lecteurs et vos objectifs?
Patrice Chaillan: Je pense avoir répondu en partie à cette question. L’objectif était d’informer et surtout de créer une sorte de communauté d’utilisateurs. Toujours à l’époque, l’informatique familiale était partisane. Il y avait la communauté des Orics, des Commodores, des Exelvisions, des Apples.

Fabrice: Receviez-vous beaucoup de contributions du la part des lecteurs?
Patrice Chaillan: Très rarement à part des feedbacks d’utilisateurs.

Fabrice: La mascotte d'Exelement vôtre est apparue dans le numéro 2. Comment ?
Patrice Chaillan: Par hasard je pense car je n’ai aucun souvenir particulier à ce Sujet. C’est mon épouse qui l’a dessiné et ensuite, c’est devenu de fil en aiguille la « mascotte ».

Fabrice: Avez-vous pensé à proposer des articles/cours de programmation en Assembleur?
Patrice Chaillan: Non, trop complexe et pas très grand public. Je pense néanmoins que nous avons publié plusieurs fois des programmes en assembleur, certaines routines comme « sprites »  par Alain ou encore des updates pour certains programmes ou la gestion de périphériques.

Fabrice: Qu'est ce qui a motivé l'arrêt de la revue?
Patrice Chaillan: Je pense que je n’avais plus rien à « dire », façon de parler ou plus exactement j’étais fatigué d’aligner des centaines de pages par mois car il y avait les manuels, les traductions. En fait, je suis passé de l’écriture technique à l’écriture marketing. J’ai prouvé à Jaques qu’un seul mailing ciblé pouvait rapporter plus que toute l’équipe commerciale… et ainsi est né Exeldirect…

Fabrice: La revue a été diffusée de 1985 à 1987. Quelle fut votre activité pendant la période qui a suivi?
Patrice Chaillan: Voir réponse ci-dessus. J’ai quitté Exelvision en fin 88 pour travailler comme rédacteur publicitaire. J’ai fait une carrière dans la profession depuis.

Fabrice: Quand on lit les revues Exelement Vôtre, la passion qui vous animait ainsi que celles des intervenants était fort palpable. Cette passion se ressent d'ailleurs chez tous les membres d'Exelvision que j'ai pu contacter. Comment l'expliquez-vous?
Patrice Chaillan: Ah… Plusieurs facteurs. Personnellement, je vivais un rêve. Je travaillais dans une boîte jeune et dynamique et je n’avais même pas de diplômes. Et puis, j’aimais profondément écrire des articles de vulgarisation. Je n’avais jamais écrit de ma vie avant la revue Exelement vôtre et c’est grâce à cela que je me suis épanoui dans la vie. Pour les autres, je ne peux me prononcer.

Fabrice: Avez-vous une anecdote, un souvenir particulier sur cette grande aventure que vous voudriez nous faire partager?
Patrice Chaillan: Il faudrait que je plonge dans mes souvenirs. Allez,  une.. Chaque fois que nous devions expérimenter quelque chose, ou partir dans des treks à la con, on envoyait toujours Alain en premier. C’était notre paratonnerre à « merdes ». Si quelque chose devait aller mal, c’était sûr que c’était Alain qui allait prendre. « Alain tu peux monter le radiateur, il fait froid… », et le robinet explosait, ou un disque dur… Bref, toujours une série de petites catastrophes…

Fabrice: Patrice Chaillan, je vous remercie beaucoup pour le temps accordé à cette entrevue et votre gentillesse!

Entrevue réalisée en novembre 2009.

 

 


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