Un micro français géré par deux processeurs et qui parle, c'est EXL 100.
En avant-première!
Lors du dernier festival Son, traditionnellement dévolu à tous les objets qui touchent de près ou de loin à la haute-fidélité et à la vidéo, nous avons eu la surprise de découvrir tout à tu fois un micro-ordinateur domestique ou individuel l'EXL 100, et une société, responsable dosa conception Exelvision. Le produit EXL 100 nous ayant semble intéressant en raison de ses nombreuses originalités,
nous avons voulu en savoir plus et avons pu manipuler un des premiers
EXL 100 fabriqués. Nous vous livrerons nos conclusions mais, avant d'en arriver là, nous avons jugé bon de vous présenter la toute nouvelle société Exelvision car ses particularités sont à l'origine des nombreux points positifs que nous avons pu apprécier sur l'EXL 100.
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Une PME bien française
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Exelvision est implantée à Vabonne, dans les Alpes Maritimes, un beau milieu du parc d'activités de Sophia Antipolis qui regroupe déjà des laboratoires de nombreux industriels dont Thomson, Control Data, etc. La naissance mouvementée de cette société est due à l'initiative et à la ténacité de trois personnes qui, après avoir commencé à «bricoler », un micro-ordinateur dans un grenier ont décidé de se doter d'une structure susceptible de l'industrialiser.
Après de nombreuses recherches de financements qui n'ont pu être résolues que grâce à la CGCT dont Exelvision est, de ce fait, une filiale, le travail sérieux a pu vraiment commencer en août 1983.
Une dizaine d'ingénieurs travaillent actuellement à Sophia Antipolis à la définition des parties matérielles du système qui sont ensuite assemblées dans des usines de la CGCT mais aussi et surtout, à l'écriture des logiciels qui, comme on le sait, doivent être nombreux et performants pour permettre à un système quel qu'il soit de s'imposer sur le marché.
Les particularités de l'EXL 100 ont, par ailleurs, attiré l'attention de nombreuses sociétés spécialisées dans l'écriture de logiciels pour micro-ordinateurs; sociétés qui ont passé des accords avec Exelvision ce qui devrait nous permettre de disposer d'une palette de programmes aussi nombreux que variés.
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Présentation de l'EXL 100
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Avant que vous ne vous précipitiez chez un revendeur, précisons que cet article a reçu le qualificatif d'avant-première, et ce non sans raison, puisque l'EXL 100 ne sera commercialisé que début septembre 1984. Impossible donc de s'en procurer maintenant pour la simple raison qu'au moment où vous lisez ces lignes, les premières productions, de série doivent tout juste être mises en place.
Ces remarques ne nous empêchent cependant pas de vous présenter de façon assez détaillée ce nouvel appareil puisque nous avons pu travailler sur un modèle de présérie.
Ce travail a été facilité par la disponibilité (déjà) de nombreux logiciels qui nous ont permis d'apprécier pleinement les possibilités de ta machine.
Le boîtier de l'EXL 100 a été conçu pour pouvoir s'intégrer aussi bien que possible dans tous les intérieurs. Cette intégration est facilitée par l'aspect "élément de chaîne Hi-Fi " de ce boîtier mais aussi, et principalement, par l'absence quasi totale de câble de liaison. En effet, le clavier de l'EXL 100 porte très bien son nom de détachable puisqu'il est relié à l'unité centrale par une liaison infrarouge. Les ma-
nettes de jeux, au nombre de deux, sont elles aussi reliées au système par infrarouge. Il ne reste donc plus que te cordon secteur, le cordon de liaison au magnétophone aà cassettes et celui de raccordement au récepteur TV.
Ces "connexions infrarouges", indépendamment de l'intérêt évoqué ci-avant, rendent très agréable entier l'emploi de l'appareil, que ce soit pour de la programmation avec le clavier ASCII ou pour des jeux avec les manettes.
Il n'est pas nécessaire, comme c'est le cas sur de nombreux matériels, de rester très près du récepteur TV ce qui ne peut que préserver les yeux de l'utilisateur qui passe plusieurs heures devant son écran. Par ailleurs l'exploitation des jeux est
plus agréable lorsque chaque joueur est confortablement installé dans son fauteuil sans contrainte de longueur de câble et les mouvements d'enthousiasme ou de dépit ne font que risquer la vie du système tout entier. Cela dit pour la particularité la plus visible de l'EXL 100, voyons quelles sont les possibilités cachées.
L"EXL100 se présente comme un boîtier principal qui regroupe toute l'électronique à l'exclusion de celle du clavier et des manettes de jeux. La face avant, très sobre, dispose dans sa partie gauche d'un tiroir qui permet de ranger les manettes lorsqu'elles sont inutilisées. Sur la droite de ce tiroir, une fente permet l'insertion de "cassettes", de logiciel qui sont en réalité des cartes supportant des ROM. Toujours plus à droite, une fenêtre rouge foncé dissimule les diodes réceptrices infrarouge et laisse voir un témoin de mise sous tension.
L'arrière de l'appareil permet le raccordement du câble péritélévision, du cordon-secteur et du cordon pour magnétophone à cassettes. Une ouverture peut recevoir des extensions sous forme de cassettes de mémoire RAM CMOS alimentées par batteries, de carte modem, etc.
Ces diverses connexions sont complétées par une interface série RS 232 qui permet de brancher sur l'EXL 100 tout équipement disposant d'une interface de ce type telle qu'une imprimante par exemple.
Pour ce qui est de la connexion a récepteur TV, l'EXL 100, comme la majorité de ses confrères, utilise une prise péritélévision. Celte prise est exploitée intelligemment puisqu'elle sert aussi à véhiculer les sons, reproduits par le haut-parleur du récepteur TV. Côté magnétophone à cassettes, une prise DIN est utilisée et permet de raccorder tout appareil à cassettes classique. Le boîtier du clavier, de petite taille (280 X 130 X 25 mm est totalement indépendant de l'EXL 100 lui-même. C'est un clavier AZERTY accentué dont la disposition des touches reste conforme à ce que l'on est habitué à trouver sur un «vrai» clavier. Ces touches ne sont, en revanche, pas des «vraies» pour des raisons de prix de revient mais la sensation tactile qu'elles procurent se révèle agréable et ne devrait pas être génératrice de fautes de frappe. Indépendamment du jeu de caractères classiques nous avons noté une grande richesse de symboles et avons apprécié l'existence de 4 touches de déplacement de curseur et de 4 touches de fonction.
Ce clavier étant à liaison infrarouge, il dispose d'une alimentation autonome sous forme d'une pile de 9 volts qui n'est utilisée que lorsque l'on appuie sur les touches selon un principe désormais classique.
Les manettes de jeux disposent d'un manche actionnant quatre contacts dans les quatre directions, de deux poussoirs de «tir» mais aussi, et c'est encore une originalité, d'un clavier numérique à 12 touches. Ce clavier permet, pour certains logiciels, de ne pas avoir à utiliser le clavier principal, conception particulièrement intéressante, pour de jeunes enfants par exemple.
Comme pour le clavier principal, ces manettes disposent chacune de leur pile d'alimentation.
L'EXL 100 dispose bien sûr d'un interpréteur Basic résident qui, s'il offre toutes les fonctions classiques des meilleurs Basic telles que le ON GOTO, le ON GOSUB, le PRINT USING et bien d'autres, possède aussi des fonctions qui sont propres aux possibilités de la machine. En effet, l'EXL 100 sait faire du graphique, et ce, avec une excellente résolution puisque l'on dispose de 320 point sur 250 point adressables individuellement dans la couleur de son choix sans restriction d'aucune sorte; mais il sait aussi produire des sons, et pas n'importe lesquels puisqu'il parle grâce à un synthétiseur vocal. La vois synthétique ainsi produite s'avère de très bonne qualité car il est fait appel à la technique LPC (voir notre article sur la "synthèse vocale dans ce même numéro). Toutes ces fonctions nécessitent de définir des mots clés supplémentaires ce qui est le cas ici. En mode alphanumérique, la résolution offerte est classique puisqu'elle est de 25 lignes de 40 caractères; un standard identique à celui du vidéotexte ce qui est confirmé par certaines extensions prévues pour l'EXL 100.
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Logiciels et utilisation
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L'utilisation de la machine est très facile, d'autant plus que toutes les informations la concernant sont en Français, de même que les messages d'erreur de l'interpréteur Basic. Il faut dire que ce dernier a été écrit en France et n'est pas un Microsoft plus ou moins bien adapté comme c'est le cas sur certaines machines
«Françaises» (au prétendues telles) d'autres constructeurs.
Il n'y a quasiment rien de particulier à signaler à propos du Basic si ce n'est, entre autres originalités, la fonction TRACE qui permet en une seule instruction Basic de faire tracer sur l'écran n'importe quelle fonction mathématique pour une variable évoluant entre deux bornes que vous définissez, Ce trace s'accompagne automatiquement de celui des axes qui sont gradués de telle façon que, compte tenu des valeurs mises en jeu, votre courbe occupe la ls grande partie de l'écran.
Du côté des logiciels proposés par Exelvision, nous avons pu essayer un certain nombre de produits
- Guppy qui est use sorte de Pac Man, classique mais presque indispensable sur tout micro-ordinateur. Celui-ci se distingue par les sons d'accompagnement permis par le synthétiseur de parole.
- Wizord qui est un jeu en trois tableaux où l'on doit détruire ou éviter un certain nombre d'ennemies plus au moins désagréables. Dans ce jeu, la qualité des possibilités graphiques de la machine et les possibilités du synthétiseur de parole (corbeaux qui croassent, rire «sarcastiques») donnent une dimension nouvelle à quelque chose. qui. autrement, apparaîtrait assez classique.
-Tennis qui est un jeu de tennis où les possibilités graphiques de l'EXL 100 sont exploitées au maximum. Les joueurs sont de vrais personnages qui peuvent se déplacer sur tout le court, leurs jambes et leurs bras sont mobiles. Leurs maillots, shorts et parties visibles du corps sont de couleurs différentes, etc. La partie se joue avec les manettes de jeux et les scores ou les diverses phases ou fautes sont annoncés à haute et intelligible voix par le synthétiseur. La qualité du graphisme est excellente puisque nous nous sommes amusés à faire passer un joueur derrière le filet pour constater qu'il n'y avait pas chevauchement d'image mais bel et bien respect de ce que vous verriez en réalité.
- Imagix, enfin, qui est un logiciel de dessin. Cette qualification le définit assez mal; en effet, sous contrôle de ce programme, vous pouvez définir n'importe quelle scène sur l'écran. Il existe un certain nombre de jeux de caractères dans lesquels vous pouvez puiser vos symboles et les afficher ensuite dans la couleur sur le fond de votre choix (les couleurs étant répétées par le synthétiseur vocal) et à l'emplacement que vans désirez. Vous pouvez aussi définir vos propres caractères ; dans ce cas leur matrice de dessin apparaît à l'écran très grossie et il ne reste plus qu'à allumer ou éteindre les points de votre choix pour qu'elle soit aussitôt codée et disponible en mémoire. Les caractères ainsi définis peuvent être mobiles, sur 10 phases différentes (c'est-à-dire qu'un mouvement peut se décomposer en 10 déformations successives et élémentaires du caractère). Les écrans ainsi constitués peuvent êtres stockés sur cassettes et rappelés à tout instant. Dernier mot au sujet de ce logiciel ; sa puissance et sa souplesse sont telles qu'il se trouve utilisé chez Exelvision pour définir les diverses scènes des logiciels de jeux,..
Il y aurait encore beaucoup à dire sur ces logiciels; à notre avis un des points importants à noter est que, du fais de la structure interne adoptée, il n'y a quasiment pas de problème de temps de calcul et l'on peut animer de très nombreux objets simultanément, faire fonctionner le synthétiseur vocal tout en continuant à scruter l'état des manettes ou du clavier.
Ces divers logiciels sont proposés sous forme de cassettes constituées en fait, d'un morceau de circuit imprimé sur lequel est directement implantée une puce de mémoire ROM. Cela permet de leur donner une taille très réduite de 30 mm sur 75 mm pour une épaisseur de 8 mm seulement. Le connecteur équipant ces cassettes est rétractable ce qui permet de la protéger lorsque la cassette n'est pas insérée dans la fente de la face avant de l'EXL 100.
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La Technique
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Les solutions adoptées pour l'EXL 100 sont originales à plus d'un titre; le choix des (oui! des) microprocesseurs tout d'abord qui appartiennent à la famille TMS 7000 de Texas; la répartition des tâches, ensuite, qui confère à la machine ses possibilités de programmation simultanées de fonctions diverses et enfin l'organisation générale de l'ensemble.
L'EXL1 00 comporte donc un premier microprocesseur TMS 7041 qui se charge de la gestion des entrées-sorties tandis que le deuxième circuit TMS 7020 s'occupe de la gestion de la visualisation, Ces micros communiquent entre eux par des RAM boîtes aux lettres, une solution que l'on ne connaissait, jusqu'à maintenant, que sur les grosses machines. La synthèse vocale est assurée par un troisième circuit spécialisé, toujours de chez Texas ; le TMS 5220.
La RAM interne possède une capacité de 34 K-octets répartis entre un bloc de mémoires dynamiques de 32 K-mots de 8 bits et une mémoire statique de 2 K-mots de 8 bits réservée au moniteur.
Cette architecture, grâce à l'emploi d'un circuit logique pré diffusé pour remplir toutes les fonctions logiques banales (décodage d'adresses entre autres), n'utilise qu'au nombre restreint de composants tous implantés sur une carte unique occupant la majorité de la surface de l'appareil. Le circuit est, comme il se doit, en verre epoxy double face à trous métallisés.
Du fait de la conception et de la fabrication française du produit, la maintenance éventuelle ne dois poser aucun problème.
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Les Extensions
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Il peut sembler curieux de parler d'extensions pour un produit qui n'est pas encore commercialisé; cela ne doit cependant pas choquer et prouve que la société Exelvision n'a pas commis l'erreur de certains concurrents qui fut de proposer une
unité centrale sans aucun périphérique à connecter. Ici, les extensions ont été prévues lors de la conception de l'EXL 100 lui-même.
La première extension proposée n'en est pas vraiment une puisqu'il s'agit de l'imprimante. Si toute machine à interface série RS 232 peut être connectée sur l'EXL 100, un modèle «carrossé» façon EXL 100 sera proposé de façon à conserver à l'ensemble une présentation homogène.
Viendront ensuite des cassettes de mémoire vive CMOS sauvegardées par des piles au lithium assurant une conservation de l'information pendant au moins 24 mois. Ces cassettes pourront être utilisées, entre autres, comme moyens de sauvegarde de programmes ou pourront
être téléchargera à partir d'une banque de programmes par l'intermédiaire d'un modem.
Le dit modem fait aussi partie des extensions prévues; il sera aux normes Vidéotexte et permettra de transformer l'EXL 100 en Minitel intelligent autorisant ainsi l'accès à tous les services du réseau Télétel (banques de données, service divers, annuaire électronique...).
Enfin, pour une échéance plus lointaine, des interfaces plus spécifiquement vidéo sont prévues (avec un vidéodisque entre autres) car l'EXL 100 permet d'effectuer des incrustations d'image, synthétiques (celles qu'il génère) sur une image TV normal. On peut selon ce procédé sous-titrer un film par exemple.
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Conclusion
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D'après nos informations, l'EXL 100 sera proposé en version complète c'est-à-dire avec sas clavier, ses deux manettes et son Basic résident pour moins de 3000 francs TTC. Nous pouvons affirmer sans crainte que, dans ces conditions, son rapport qualité-prix est excellent.
De nombreuses solutions techniques originales ont été adoptées qui distinguent l'EXL 100 de la masse sans cesse croissante des micro-ordinateurs domestiques. Le fait qu'il soit vraiment français et tout ce qui en découle (notice, messages d'erreur, synthèse vocale) augmente
encore l'intérêt du produit. De plus, les nombreuses extensions déjà prévues et la qualité des premiers logiciels que nous avons pu essayer nous permettent de prévoir, sans grand risque de nous tromper, un bel avenir pour ce premier micro-ordinateur grand public français.
© Ch. Tavernier - Micro et Robots N°7